Ils ont vécu la guerre,
fondé très jeunes une famille, tout sacrifié pour le bien-être de leur
progéniture. Ils n'ont pas piqué de crises d’adolescence ;
ils ne se sont pas lamentés sur le défi d’avoir trente ans, la difficulté d’en
passer quarante, la peur d’en atteindre soixante. Nos parents (grands-parents)
sont à certains égards des vrais super-héros, qui non seulement ont surmonté les
épreuves de la vie sans avoir besoin de les noyer le soir dans des bières à 5
euros, mais qui en plus gèrent les choses pratiques du quotidien avec un
savoir-faire et un naturel que je n’ai jamais perçus chez aucune personne de ma
génération. Je ne veux pas mettre tout le monde dans le même panier, mais pour
ma part je ne peux pas m’empêcher de me sentir un peu boulet voire carrément
empotée quand je compare mon évolution dans l’âge adulte avec le parcours
de mes parents.
''Mais si M'man, je t'assure, je mange bien. Mais oui, je me prépare des vrais trucs !'' |
Un des trucs pour
lesquels je me sens vraiment nulle, c’est la cuisine. Ma mère est un vrai
cordon bleu. Qui maîtrise à la fois l’art épicé du Tom Yam et le secret des
quenelles sauce Nantua ; la délicatesse du canard laqué et la tradition d’un
bon bourguignon. Moi, quand je coupe quelques endives, défait un paquet de
saumon fumé et que je dispose joliment le tout sur une assiette, non sans avoir
eu le génie d’ajouter quelques noix pour la touche créative, je me sens vraiment
satisfaite.